( BOYCOTT DÉSINVESTISSEMENT SANCTIONS) Laure Lemaire n’a pas retrouvé le nom de l’auteur de ce texte remarquablement bien structuré et fidèle à l’évolution des actions auxquelles elle a participées du début à la fin

PARTIE 1 :

Introduction La solidarité avec la cause palestinienne en France s’est développée et transformée au fil des décennies depuis les années 1950. Elle a traversé diverses phases politiques, sociales et internationales, s’adaptant aux évolutions du conflit israélo-palestinien ainsi qu’aux contextes internes de la France.

A/ Contexte initial: La solidarité avec la Palestine avant les années 1960 était largement influencée par les contextes post-coloniaux et les mouvements de libération nationale à travers le monde. La cause palestinienne était moins visible dans l’espace public français, mais elle gagnait en importance dans les milieux militants et intellectuels, notamment ceux liés à la décolonisation (FLN, MTA [Mouvement des travailleurs arabes] en particuliers).

B/ Rôle des intellectuels et des premières associations : Les 1° soutiens venaient souvent d’intellectuels et de militants anti-colonialistes. Le conflit israélo-arabe de 1967 (la Guerre des 6 Jours) a marqué un tournant, avec une occupation israélienne de territoires supplémentaires et un accroissement de la sympathie pour la cause palestinienne.

A/ Montée des mouvements de gauche: Les mouvements de gauche, après Mai 68, ont adopté la cause palestinienne comme un symbole de lutte anti-impérialiste. Cette période a vu une augmentation significative du soutien, parmi les étudiants, certains partis politiques, les syndicats, certains milieux catholiques, tous de gauche.

B/ Création de comités Palestine : Des comités de soutien à la Palestine ont commencé à apparaître, organisant des manifestations, des conférences et des campagnes d’information. Ces comités étaient souvent associés à des partis politiques ou à des mouvements anti-impérialistes.

A/ Association France-Palestine Solidarité (AFPS) : Fondée en 1983, l’AFPS est devenue l’une des principales organisations de soutien à la cause palestinienne en France. Elle coordonne des actions de sensibilisation, des campagnes politiques et humanitaires, et milite pour les droits des Palestiniens et la fin de l’occupation israélienne.

A/ Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP) La CCIPPP est une association de fait fondé en juin 2001 mais elle s’est fondée à partir des «Campagne pour le droit au retour des réfugiés palestiniens» fondée en 1998. Le CCIPPP a été créée à l’initiative de personnalités de la société civile : Samir Abdallah (MIB), Jean-Claude Amara (DAL), Youssef Boussoumah (PIR), Nahla Chahal (journaliste, pdte du CCIPPP), Walid Charara (journaliste), Mohamed Taleb (philosophe), Laurent de Wangen (AFPS). Ils ont voulu lancer des initiatives urgentes pour briser l’isolement de la lutte du peuple palestinien et ramener la solidarité internationale avec lui sur le devant de la scène. Dès le départ, la CCIPPP inscrit ses actions dans un cadre politique correspondant aux objectifs de la lutte du peuple palestinien, à savoir : la fin de l’occupation, la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est pour capitale, le démantèlement des colonies, le droit au retour des réfugiés. Les initiateurs ont voulu ajouter cette idée que si la communauté internationale n’intervenait pas, il incombait aux citoyens de le faire en allant là-bas sur le terrain pour voir ce qui s’y passe réellement, exprimer leur solidarité active aux Palestiniens et rapporter des témoignages vécus précis, cela nécessitant de trouver un équilibre entre les missions vers la Palestine et leur prolongement par des actions en France et en Europe

B/ Élargissement du soutien: Le mouvement s’est diversifié, attirant des sympathisants au-delà des cercles traditionnels de gauche, à travers des campagnes culturelles, éducatives et de solidarité directe. Les associations de quartiers et musulmanes décident de mettre la question palestinienne au centre de leurs préoccupations. Le Collectif DiverCité à Lyon rassemblant des associations comme l’UJM (Lyon), Agora (Vaulx en vélin) ou Interface (Saint-Fons) est un exemple emblématique. Ce collectif sera à l’origine des manifestations pro-palestiniennes les plus importantes à Lyon. Leurs membres seront aussi les co-fondateurs du Collectif 69.

A/ Campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) : Inspirée par la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud, la campagne BDS lancée en 2005 a trouvé un écho significatif en France. Elle vise à exercer une pression économique et politique sur Israël pour mettre fin à l’occupation et reconnaître les droits des Palestiniens.

.B/ EuroPalestine, Palestine Vaincra, Collectif 69, FAL… Parler et agir autrement. D’autres organisations au niveau national et régional apparaissent. Elles sont à l’image d’une situation internationale désolante avec les violences inouïes et permanentes de l’occupant israélien, avec une communauté internationale et arabe qui se détournent d’un mouvement palestinien de décolonisation qui s’oriente vers la voie armée. Les nouvelles organisations qui apparaissent ces 15 dernières années ne parlent plus seulement de « solidarité avec le peuple palestinien », mais de « soutien à la résistance (parfois avec le qualificatif « armée ») » d’un peuple martyrisé. C’est un discours nouveau avec des méthodes d’action qui ne font pas l’unanimité au sein des organisations pro-palestiniennes les plus anciennes.

C/ Évolutions politiques et légales : Le mouvement de solidarité a été confronté à des défis légaux: la légalité du boycott d’Israël, et les actions de désobéissance civile. Le débat sur le dilemme Légalité/Légitimité devient central. Les débats sur l’antisémitisme et la critique d’Israël ont marqué la période, avec des tensions sur la manière dont le soutien à la Palestine est exprimé.

D/ Actions et manifestations : Les actions organisées comprennent des manifestations massives, lors des offensives militaires israéliennes à Gaza (avec une forte présence de personnes maghrébines et musulmanes ces 20 dernières années), des campagnes de sensibilisation et d’éducation, des projets de solidarité directe, et des initiatives culturelles. Des actions de boycott, de tractage, d’affichage sauvage, de taggs sont apparus ces derniers mois. Elle marque un changement radical dans le discours et dans les méthodes d’action suite au genocide en cours à Gaza

Conclusion: Le mouvement de solidarité avec la cause palestinienne en France a connu une évolution marquée par l’élargissement de son assise sociale, l’internationalisation de ses actions, et l’adaptation à un environnement politique et légal plus répressif. Malgré les controverses et les défis, ce mouvement continue de jouer un rôle actif dans le paysage politique et social français. L’engagement aux côtés de la cause palestinienne reflète une préoccupation profonde pour les questions de justice et de droits humains. Au fil des ans, malgré les fluctuations politiques et les changements de contexte international, la solidarité avec la Palestine en France a montré une résilience et une capacité à se réinventer, tout en restant fidèle à ses principes fondateurs de soutien aux droits des Palestiniens.

PARTIE 2 :

Introduction: Les mouvements associatifs musulmans et issus des quartiers populaires ont joué un rôle significatif dans le soutien à la cause palestinienne en France, apportant des perspectives uniques en élargissant la base de soutien. Leur engagement s’inscrit dans un contexte plus large de lutte anticoloniale, pour la justice sociale, et contre les discriminations. Elle reflète souvent une solidarité transnationale avec les opprimés mais aussi, pour ce qui concerne les musulmans, un devoir religieux de solidarité envers une communauté de foi.

A/ Mobilisation communautaire: Ces mouvements ont réussi à mobiliser des segments de la population française qui peuvent se sentir particulièrement connectés à la cause palestinienne à travers des identités religieuses partagées ou des expériences de discrimination similaires. Leur capacité à mobiliser dans les mosquées, les centres communautaires et les quartiers populaires a ajouté une dimension importante au soutien général à la Palestine en France.

B/ La question d’une justice pour tous et du droit au Droit Par leur engagement, ces associations ont contribué à renforcer le discours sur l’importance du respect du droit international et d’une justice pour tous dans le conflit israélo-palestinien et audelà. Elles ont souvent mis en avant la question du double standard ou d’une justice internationale qui s’applique différemment sur les « non-blancs ». Les aspects humanitaires de la situation en Palestine ont attiré de nombreux militants musulmans, ce qui a attiré l’attention sur les conséquences de l’occupation et de la répression sionistes sur la vie quotidienne des Palestiniens. L’humanitaire est parfois critiqué car elle peut nous détourner de l’essentiel : la dénonciation de la colonisation qui est à la source du problème. Ne s’attaquer qu’aux conséquences peut parfois être une diversion qui finit par nous épuiser.

C/ Actions de solidarité concrètes: Les mouvements associatifs musulmans et des quartiers populaires ont organisé des actions de solidarité concrètes, telles que des collectes de fonds pour des projets humanitaires en Palestine, des campagnes d’information et d’éducation, et la participation active à des manifestations et à des initiatives de boycott.

D/ Création de passerelles entre communautés: Ces mouvements ont également joué un rôle dans la création de passerelles entre différentes communautés en France, en impliquant des organisations et des personnes différentes (au niveau politique, social, religieux…) dans la cause palestinienne. Cela a permis de dépasser certaines divisions et de promouvoir un front uni en faveur de la défense de valeurs : justice, Droit, etc.

E/ Influence politique: Bien que l’influence directe sur la politique française puisse varier, l’engagement de ces mouvements a contribué à sensibiliser le public et les décideurs politiques à la cause palestinienne. On le voit avec des prises de position de certains députés (LFI) à l’Assemblée Nationale qui seraient impensables il y a une dizaine d’année. Mais l’influence politique est aussi au niveau local (municipalité) et régional (Conseils généraux). La présence active des acteurs et organisations Pro-palestiniens dans l’espace public et médiatique a parfois poussé des questions relatives au conflit israélo-palestinien au plus haut dans l’agenda politique.

Conclusion: L’apport des mouvements associatifs musulmans et issus des quartiers populaires au soutien à la cause palestinienne en France est significatif. Ils ont enrichi et diversifié le mouvement de solidarité, apportant de nouvelles énergies, perspectives et stratégies. Malgré les défis, leur contribution continue de refléter un engagement profond pour les sans-voix et la lutte pour la justice et le Droit dans un monde qui a du mal à appliquer des valeurs sans cesse proclamées, rarement appliquées.