Qu’est-ce que l’OTAN ?
L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord est l’organisation politico-militaire mise en place par les pays signataires afin de pouvoir remplir leurs obligations de sécurité et de défense collectives. Le texte de ce traité, signé en avril 1949, établit le Conseil de l’Atlantique nord (CAN), et met en place une alliance militaire défensive contre toute attaque armée contre l’un de ses membres en Europe, en Amérique du Nord ou dans la région de l’Atlantique au Nord du tropique du Cancer.
Le choc provoqué par le déclenchement de la guerre de Corée conduit le CAN à décider, fin 1950 la création d’une organisation militaire intégrée permanente, qui constitue encore actuellement la marque distinctive de l’OTAN et lui assure des capacités militaires qu’aucune autre alliance de défense ne possède.
De 1950 à 1953, la guerre de Corée oppose la Corée du Sud, soutenue par les Nations unies (dont Taïwan), à la Corée du Nord) soutenue par la république populaire de Chine et l’Union soviétique. Elle résulte de la partition de la Corée à la suite d’un accord entre les Soviétiques, ayant libéré la Mandchourie et le nord de la Corée de l’emprise du Japon, et les Alliés victorieux de la guerre du Pacifique contre le Japon, à la fin de la 2° Guerre mondiale. C’est un des 1° conflits de la guerre froide. La péninsule coréenne était occupée par l’empire du Japon depuis 1910. Après la reddition du Japon en septembre 1945, les États-Unis et l’Union soviétique se partagèrent l’occupation de la péninsule le long du 38e parallèle, avec au sud des forces américaines d’occupation et au nord des forces soviétiques d’occupation.
Sous le vocable OTAN (NATO), l’usage a prévalu d’englober l’alliance juridiquement conclue, et l’organisation civile et militaire pour en rendre opérants les objectifs.
La France a accueilli pendant 15 ans le siège de l’OTAN.
Au lendemain de la 2° Guerre mondiale, la France était l’un des fervents partisans d’une structure de défense occidentale, donc l’un des membres fondateurs de l’Alliance. La principale préoccupation de la France était la protection de ses territoires et l’affectation immédiate de ressources militaires. Ces 2 aspects ont été très tôt mis en œuvre. Puissance influente à l’époque, la France a obtenu qu’une clause mentionnant « les départements de l’Algérie française » figure dans le Traité de l’Atlantique Nord – cette clause est devenue caduque lorsque l’Algérie a accédé à l’indépendance, en 1962. Robert Schuman signe le Traité de l’Atlantique Nord le 4 avril 1949 : « LE SOUCI EXCLUSIF DE LA FRANCE EST DE RENDRE IMPOSSIBLE TOUTE INVASION DE SON PROPRE TERRITOIRE OU DU TERRITOIRE DES NATIONS ÉPRISES DE PAIX. »
En signant ce Traité, les 12 pays de l’Alliance ont souscrit un engagement de défense collective. Alors que les personnels civils et militaires faisaient connaissance dans le cadre de leur travail dans les instances de l’Organisation, des films de propagande étaient réalisés pour inciter les citoyens à faire de même. Le court métrage intitulé « Introducing France » illustre cet effort de « communication ». Il dresse un portrait candide de la France des années 50 ; des photographes de renom ont même accepté de prêter leur talent pour dépeindre la vie quotidienne des Français, qu’ils soient ouvriers, danseuses de cabaret ou enfants en train de jouer. Côté militaire, des affiches présentant les uniformes des forces armées de chaque pays membre ont été distribuées pour aider les Alliés à se reconnaître..
L’OTAN quitte Londres pour les CHAMPS ÉLYSÉES
Après la transformation de l’Alliance en une Organisation à part entière dotée d’une capacité militaire, l’OTAN a décidé de transférer son modeste quartier général de Londres, pour l’installer à Paris dans le cadre prestigieux du Palais de Chaillot, en face de l’emblématique Tour Eiffel. L’Europe continentale a été préférée pour bâtir une initiative de défense commune pour les Alliés. Et Paris, où se réunissait souvent l’Organisation des Nations Unies, incarnait les valeurs historiques et culturelles que l’Alliance avait pour mission de préserver. 90 T de matériel et de mobilier de bureau ont été transportées de l’autre côté de la Manche, par avion plutôt que par bateau, afin d’assurer la continuité des activités. Ce transfert fut le plus important déménagement de mobilier jamais entrepris par voie aérienne en Grande Bretagne.
Dans le même temps, les structures militaires de l’Alliance se mettaient en place. La composante de défense de l’Union occidentale était déjà basée en France. Depuis septembre 1948, elle avait établi son quartier général, placé sous le commandement du maréchal Bernard Montgomery, dans l’élégant château de Fontainebleau. Elle prit le nom d’Organisation de défense de l’Union occidentale. L’Union occidentale avait été constituée en mars 1948, lorsque la Belgique, la France, le Luxembourg, les Pays Bas et le Royaume Uni avaient signé le Traité de Bruxelles en réponse à une demande américaine de plus grande coopération européenne. Après la création de l’OTAN, l’Union occidentale transféra ses responsabilités en matière de défense au Grand quartier général des puissances alliées en Europe, le SHAPE.
Le bâtiment destiné à l’accueillir fut construit en un délai record de 3 mois, ce qui évita au personnel de devoir s’entasser dans des salles de réunion improvisées à l’hôtel Astoria, avenue des Champs Élysées, où il avait provisoirement pris ses quartiers. Le maréchal Montgomery devint le 1° commandant suprême adjoint des forces alliées en Europe en 1951, le jour de l’activation du nouveau quartier général permanent de l’OTAN à Rocquencourt, à l’ouest de Paris. Comme l’a déclaré Dwight D. Eisenhower dans son discours inaugural : « DANS TOUTE L’HISTOIRE, C’EST LA 1° FOIS QU’UN QUARTIER GÉNÉRAL DE FORCES ALLIÉES A ÉTÉ ÉTABLI EN TEMPS DE PAIX, POUR PRÉSERVER LA PAIX ET NON POUR MENER LA GUERRE. »
D’autres infrastructures ont vu le jour, comme la 1° école internationale construite sur le territoire français pour les enfants du personnel militaire du SHAPE. Le Lycée international de l’OTAN est devenu un melting-pot international qui existe encore aujourd’hui sous le nom de Lycée international de Saint Germain en Laye. En 1952, une base antiatomique souterraine pouvant accueillir 1000 militaires fut construite sur 40 ha dans une carrière de la forêt de Saint Germain en-Laye. Plus tard, c’est aussi à Paris que fut installé le Collège de défense de l’OTAN, avant son transfert à Rome. La présence de l’OTAN dans la capitale française a même été représentée sur l’un des produits de luxe les plus emblématiques de Paris : le foulard en soie de la maison Hermès, appelé carré Hermès. L’OTAN a passé commande d’un nombre limité de ces foulards, qui ont été distribués lors d’une réunion du Conseil.
La plus grande base militaire américaine était installée à Châteauroux. C’est en y voyant des soldats américains manger du pain en tranches que Paul Picard, fils de boulanger, a eu l’idée d’en créer une version française, baptisée Harry’s et vendue dans un sachet aux couleurs du drapeau américain.
Pour habituer les Français à la présence de troupes étrangères, on montrait des films américains au cinéma, si bien que la présence de l’OTAN sur le territoire français était bien accueillie par la population ; des initiatives visant à « informer » les jeunes générations sur l’OTAN et ses valeurs se sont poursuivies. La branche française de l’Association du Traité de l’Atlantique (une organisation non gouvernementale créée pour expliquer ses politiques) a mis en place des stages d’été, tandis que le Bureau OTAN de l’information et de la presse organisait des expositions pour le grand public, comme celle sur l’Alliance Atlantique qui fut présentée à Paris.
L’INTÉGRATION EUROPÉENNE ET L’OTAN
Les souffrances causées par la 2° Guerre mondiale, et même la 1° Guerre, étaient encore très présentes dans les esprits, avec la peur d’une résurgence de l’Allemagne, surtout en France, de sorte que la volonté d’intégrer l’Allemagne dans les structures européennes trouvait un fort écho dans les milieux politiques français. Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères de 1948 à 1952, a relancé l’idée d’unité européenne par la coopération entre pays autour de la production de charbon et d’acier. Il l’a énoncé dans une déclaration le 9 mai 1950. a laquelle le chancelier ouest allemand Konrad Adenauer a réagi :« C’EST NOTRE AVANCÉE. »
Alors que se mettait en place la Communauté européenne du charbon et de l’acier (1951), le ministre français de la Défense René Pleven a présenté en 1950 un plan prévoyant la création d’une communauté européenne de défense qui inclurait l’Allemagne Mais cette initiative n’a pas abouti.
Face au déclenchement de la guerre de Corée et à la crainte d’une nouvelle expansion communiste, l’OTAN avait décidé de s’engager dans une « stratégie vers l’avant », ce qui signifie qu’elle voulait disposer ses défenses aussi loin que possible vers l’Est de Europe. Cela impliquait que l’OTAN devrait fournir davantage de troupes pour défendre l’Europe, et/ou que l’Allemagne devrait participer à la défense de l’Europe, et donc se réarmer. Finalement, l’invitation faite à l’Allemagne de l’Ouest d’adhérer à l’OTAN a été acceptée, mais il faudra attendre 1954 pour que les modalités soient définies.
Dans les années 1950, la création du Pacte de Varsovie et la répression de l’insurrection hongroise ont consacré la radicalisation idéologique entre l’Union soviétique et les États Unis, et ont montré aux Alliés, l’importance de leur organisation de défense collective.
Le Traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle dit « pacte de Varsovie » est une alliance militaire groupant les pays d’Europe de l’Est avec l’URSS dans un vaste ensemble économique, politique et militaire. Il est conclu en 1955 entre la plupart des pays communistes ( la Yougoslavie reste neutre). Nikita Khrouchtchev, qui en fut l’artisan, l’avait conçu dans le cadre de la guerre froide comme un contrepoids à l’OTAN.
Des plans ont été élaborés en vue de la construction d’un siège conçu pour l’Alliance : le bâtiment de la Porte Dauphine, œuvre de l’architecte Jacques Carlu, a la forme d’un « A », comme Alliance. La construction a débuté en 1955, et en 1959, l’Alliance y emménageait.
Dans un des quartiers les plus chics de la capitale, les membres des délégations et du personnel de l’OTAN purent s’installer dans leur nouveau siège flambant neuf. Mais en 1956, la crise de Suez mit au jour des divergences considérables entre Londres, Paris et Washington ; une tempête politique d’une ampleur telle que l’Alliance n’en avait jamais connue, commença à se profiler.
En 1936, par le traité de Londres, le Royaume-Uni accorde au royaume d’Égypte son indépendance mais garde le monopole de la protection du canal de Suez pour 20 ans. Donc en 1956, une guerre éclate qui opposa l’Égypte à une alliance secrète actée par le protocole de Sèvres, dont les entretiens se sont tenus en octobre 1956, formée par la France, le Royaume-Uni et l’État d’ Israël à la suite de la nationalisation du canal de Suez par l’Égypte le 26 juillet 1956. Cette alliance entre les 2 États européens qui avaient des intérêts politiques, économiques (ils en étaient actionnaires) et commerciaux (il était principalement utilisé pour le transport de pétrole) dans le canal de Suez. La crise est principalement retenue pour les leçons qu’elle apporte sur le nouvel équilibre des forces pendant le contexte de guerre froide. L’impératif d’une relative stabilité de l’ordre mondial entre les 2 « géants » ne peut être remis en cause, par d’anciennes grandes puissances comme la France et le Royaume-Uni, pourtant alliées des États-Unis. En outre, la crise conduit à un renforcement des relations entre l’Union soviétique et l’Égypte, entre la France et Israël, entre le Royaume-Uni et les États-Unis, ainsi qu’à l’accélération dans la mise en place de la force de dissuasion nucléaire française.
L’OTAN A QUITTÉ PARIS, MAIS LA FRANCE N’A PAS QUITTÉ L’OTAN
En 1966, Charles de Gaulle retire la France de la structure de commandement militaire intégrée (annulation en 2009). Il était partisan d’une plus grande indépendance militaire vis à vis des États Unis. Ce qui s’est traduit par le refus d’intégrer la dissuasion nucléaire de la France ou d’accepter toute forme de contrôle sur les forces armées françaises, et par la décision de demander le retrait de toutes les forces étrangères du territoire français. En pratique, alors qu’elle était toujours membre de l’OTAN et qu’elle continuait de faire partie intégrante de ses instances politiques, la France n’était plus représentée dans le Comité des plans de défense et le Groupe des plans nucléaires. Les forces étrangères durent quitter le territoire français, et les forces françaises furent temporairement retirées des commandements de l’OTAN. Le stationnement d’armements – nucléaires – sur le sol français fut proscrit ; enfin, le siège de l’OTAN et le quartier général du SHAPE furent transférés dans la Belgique voisine. Ce qui a inspiré le réalisateur Gérard Oury pour son film « Le cerveau », une comédie policière dans laquelle des gangsters appartenant à des bandes rivales tentent de s’emparer d’un train transportant de Paris à Bruxelles les « fonds secrets » des 14 pays membres de l’OTAN.
Charles de Gaulle, admiré par ses compatriotes pour avoir pris la tête de la Résistance française pendant la 2° Guerre mondiale et avoir, en 1944, défendu les intérêts de la France au moment de former le Gouvernement provisoire de la République française, il fut l’artisan de la V° Constitution en 1958, encore en vigueur aujourd’hui. Il demeure une figure emblématique.
La fracture créée au sein de l’Organisation par le retrait de la France de la structure militaire intégrée de l’OTAN a été amplifiée par l’arrivée à expiration du délai de 20 ans mentionné dans le Traité de Washington qui stipule que toute partie pourra décider de ne plus être membre. La décision française a suscité un malaise et a fait débat au Conseil de l’Atlantique Nord ( organe de décision politique), sans mais entraîner de conséquences. Le statut de la France s’est peu à peu banalisé.
QUEL A ENSUITE ÉTÉ LE RÔLE DE LA FRANCE ?
La France a continué de jouer un rôle clé au sein de l’Alliance tout au long de la Guerre froide. Les forces navales et aériennes françaises ont pris part à des exercices OTAN ainsi qu’à des projets d’acquisition conjoints, tels que le projet NADGE (infrastructure électronique de la défense aérienne de I’OTAN) qui est un système radar ultraperformant conçu pour détecter des aéronefs ennemis évoluant à grande vitesse, et les détruire si nécessaire. Elle est constituée d’une chaîne ininterrompue de stations allant de la Norvège à la Turquie et forme un rempart contre l’intrusion d’aéronefs ennemis dans l’espace aérien européen de l’OTAN. La France avait besoin de ce système d’alerte très performant à l’appui de ses capacités nucléaires. Sa supervision globale était assurée par le SHAPE, mais chaque pays participant était responsable de sa propre zone géographique et, sauf en cas d’urgence, les installations du NADGE et les armements et forces de défense aérienne restaient sous contrôle national.
La France a continué à accueillir des réunions de l’OTAN et à affecter du personnel à ses structures civiles. Précédemment, l’un de ses ressortissants avait été au centre d’une célèbre affaire qui avait fait des remous au siège de l’Organisation : un certain Georges Pâques, employé au siège, était depuis 20 ans, un espion à la solde de l’Union soviétique. Il occupait le poste stratégique de chef adjoint du service Presse au Secrétariat international, et avait donc accès à des réunions de haut niveau et à des documents sensibles. Il fut arrêté en 1963 par les services de renseignement français.
UN STATUT FLEXIBLE
Lors des débats entre Alliés, la France a adopté une approche analytique profondément ancrée dans la culture française. Même si elle va parfois à contrecourant, elle est souvent l’assurance que tous les aspects d’une question ont été considérés avant que la décision soit prise. De plus, l’esprit du gaullisme a continué d’imprégner la réflexion stratégique de la France pendant la Guerre froide. Ainsi, en août 1967, la signature des accords Ailleret Lemnitzer donnait à l’armée française la possibilité de participer à une éventuelle opération militaire de l’OTAN contre l’Est, tout en restant sous commandement national. Plus tard, en juillet 1974, les accords Valentin Ferber ont contribué à rapprocher la France de l’OTAN, soient des scénarios qui permettait à l’armée française d’ avancer vers l’Est, en maintenant l’intégrité de la zone OTAN.
LA FIN DE LA GUERRE FROIDE
Le sommet de l’OTANqui se tient à Londres en 1990prend acte de la fin de la guerre froide, de la réunification de l’Allemagne et de la nécessité de rénover l’Alliance atlantique. Le président Mitterrand déclare « l’Alliance a remarquablement assuré notre sécurité. Elle doit maintenir sa cohésion. Elle l’a montré en réaffirmant la nécessité de la présence des forces américaines en Europe et en soutenant l’appartenance de l’Allemagne unifiée à l’OTAN. Il me semble que l’OTAN en s’adaptant, peut jouer un rôle très utile dans cette évolution » , une politique que poursuivra son successeur, Jacques Chirac. Donc, en 1991, la France a approuvé le concept stratégique de l’Alliance.
Alors que la France réintégrait en 2009 la structure de commandement militaire, sa position pendant la Guerre froide avait illustré la flexibilité du statut de membre de l’OTAN : tout en conservant une totale autonomie nucléaire, la France est restée solidaire des autres Alliés et a joué un rôle politique et militaire de 1° plan au sein de l’Alliance.
Avec le traité de Maastricht, l’Union de l’Europe occidentale(UEO) exerce son rôle de définition de la politique de défense des Européens et l’OTAN demeure sa seule structure militaire opérationnelle.
Les conflits dans l’ex-Yougoslavie dès 1991 vont être l’occasion pour l’OTAN de mener pour la 1° fois des opérations militaires en tant que bras armé de l’ONU. Elles montrent les limites de l’UEO et requièrent une intervention de l’OTAN. La France est très présente car elle exerce le commandement de la FORPRONU, et décide qu’il n’existe pas d’alternative à l’utilisation des moyens de l’OTAN. En1999,Chirac engage l’armée française dans les bombardements de l’OTAN sur la République Fédérale de Yougoslavie, alors même que cette opération n’est pas autorisée par l’ONU.
Avec son arrivée à la présidence, le pays opère un rapprochement avec l’OTAN pour pouvoir peser de l’intérieur sur les décisions prises, afin d’européaniser ses structures de décision. Lors de la réunion du Conseil de l’atlantique nord (CAN) en 1995, la France annonce le retour de son chef d’État-major des armées (CEMA) au Comité militaire et du Ministre de la Défense au Conseil atlantique, mais sans que les forces françaises soient subordonnées au commandement de l’OTAN.
Nicolas Sarkozy franchit le pas ultime en organisant la réintégration de la France dans le commandement intégré de l’OTAN : préparée depuis 2007, votée par le Parlement en 2009, elle est entérinée lors du sommet de l’OTAN. Mais elle ne rejoint pas le Groupe des Plans Nucléaires, désireuse de conserver son indépendance en matière de dissuasion nucléaire.
En pratique, cette décision se traduit par le déploiement de plusieurs centaines de militaires français dans les 15 états-majors de la structure militaire de l’OTAN et l’obtention par la France de 2 postes à responsabilité. La France se situe au 3e rang des pays contributeurs au budget commun de l’OTAN., derrière l’Allemagne. Les États-Unis sont à un niveau de dépenses militaires très supérieur aux autres alliés, d’où leur poids prépondérant au sein de l’Alliance et leur demande permanente aux Européens
Bien que l’affichage de l’unité de l’Alliance soit toujours la règle, la France est souvent en désaccord.
Le projet américain de mise en place d’un bouclier anti-missiles en Europe pose un problème pour la France, qui ne veut pas voir sa dissuasion nucléaire concurrencée par cet autre système de défense, y compris sur le plan industriel et financier, puisque l’antimissile requiert des investissements lourds. La déclaration du sommet de 2016 à Varsovie sur la sécurité transatlantique rappelle la « combinaison appropriée » sur laquelle doit reposer le « dispositif de dissuasion et de défense de l’OTAN », à savoir « capacités nucléaires, capacités conventionnelles et capacités de défense antimissile ».
L’élargissement du champ d’intervention de l’OTAN à des missions nouvelles au-delà du cadre défensif du territoire de ses membres contre les Soviétiques se traduit par l’engagement de ses moyens militaires hors de leurs frontières. Ceci entérine le nouveau rôle de maintien de la paix dans le monde de l’OTAN
C’est dans cette logique qu’après les attaques du 11 septembre 2001, le Conseil de l’Atlantique Nord a pour la 1° fois, invoqué l’article 5 du traité de Washington « L’attaque contre les États-Unis est une attaque dirigée contre tous, France comprise »
En Afghanistan, la France participe à la FIAS (Force internationale d’assistance à la sécurité) qui constitue la composante militaire de la coalition, sous l’égide de l’OTAN opérant dans ce pays depuis 2001. En 2011-2012, elle atteint son niveau d’effectifs le plus important avec 130 000 hommes, 90 000 pour les États-Unis, le Royaume-Uni pour 9 000, l’Allemagne pour 5 000 et la France pour 4 000.
La décision suisse d’acheter des F35 américains au lieu de Rafales français ou des Eurofighter Typhoon, ravive l’opposition des fabriquants et marchands d’armes français à la participation du pays au commandement de l’organisation.
La France participe à l’opération, EUNAVFOR Atalanta, de lutte contre la piraterie au large de la Somalie, de 2016 prolongée par l’UE jusqu’en 2018. La France est via l’opération Harmattan l’un des principaux acteurs de l’intervention aéro-navale en Libye coordonnée par l’OTAN.
Lors de la campagne pour les élections présidentielles d’avril 2022, la question des relations entre la France et l’OTAN est abordée par tous les candidats, alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé. 4 candidats souhaitent rester dans l’OTAN (Macron, Pécresse, Hidalgo, Jadot), 3 souhaitent quitter le commandement militaire (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan), 5 minuscules souhaitaient quitter l’OTAN (Mélenchon Roussel Poutou, Arthaud, Lassalle).